18 décembre 2020
Open Access , http://purl.org/eprint/accessRights/OpenAccess
Deborah Walker, « “DONNA ROSANNA METTEVA FLUXUS IN CASCINA” : Rosanna Chiessi et les éditions Pari & Dispari à Reggio Emilia et Cavriago (1971-1992) : une expérience de l’art entre continuité et rupture avec le territoire », Theses.fr, ID : 10670/1.pk7ej9
Rosanna Chiessi crée les éditions d’art Pari & Dispari en 1971 à Reggio Emilia. Cette ville du Nord de l’Italie avait connu, dès les années 60, une saison de renouvellements sur les plans économique et culturel, menés par l’administration locale du Parti Communiste Italien. L’activité de Pari & Dispari se concentre à la fois dans la publication de multiples, pour la plupart d’œuvres imprimées ou de portfolios d’artistes contemporains italiens et étrangers, mais s’étend également à l’organisation d’évènements pluridisciplinaires. Dans les années 70, Rosanna Chiessi collabore avec le collectionneur Francesco Conz et le galeriste Giuseppe Morra à la promotion d’artistes de performance en Italie. Certains d’entre eux font partie du groupe Fluxus et fréquentent sa grande maison rurale à Cavriago, un laboratoire expérimental où l’art et la vie se mélangent à travers des événements artistiques "populaires". Le premier d’entre eux a lieu en 77 et s’appelle Tendenze d’Arte Internazionale, un festival qui remplit d’expositions et performances les lieux de vie des habitants, église comprise. L’initiative ne manquera pas de diviser le village vis-à-vis de Pari & Dispari et de l’art contemporain. Toutefois, l’intention de Rosanna résonnait avec d’autres initiatives promues dans ce territoire à l’époque. Des efforts de rapprochement entre création artistique et population avaient été tentés par l’administration communale de Reggio Emilia, à travers la promotion de la neo-avantgarde littéraire du Gruppo ’63, des spectacles du Living Theatre et du projet Musica / Realtà, qui amenait la musique contemporaine dans des sites populaires de toute la province. À travers le témoignage des personnes ayant collaboré avec Pari & Dispari à l’époque, notre recherche essaie de comprendre la façon d’opérer de Rosanna Chiessi en relation avec l’identité d’un territoire marqué par son tissu socialiste et par une forte identification à la mémoire de la Résistance. Une identité que Rosanna ne manque pas de revendiquer tout au long de sa vie, qui influence la relation à l’art qu’elle souhaite transmettre autour d’elle et qui trouve résonance chez les artistes Fluxus. À ce propos, la pièce Per Arco de l’artiste Giuseppe Chiari s’offre en tant qu’exemple. Associant le son des bombes à la présence d’un violoncelle, elle propose un état de suspension, à la fois en continuité avec le vécu collectif, mais en rupture totale avec la tradition musicale.