2016
Cairn
Cyril Grange, « Choix du prénom et acculturation : l’exemple de la bourgeoisie juive parisienne 1800-1920 », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.pkcnhb
Le décret de Bayonne de 1808 inscrit les juifs de France dans le système onomastique basé sur la double appellation qui régit l’état civil laïc. Le travail étudie les éventuels processus d’identification de la population de la bourgeoisie juive parisienne à la population globale par le biais du choix du prénom. Les explorations statistiques permettent de tirer plusieurs conclusions. Le modèle du prénom unique, qui caractérise la bourgeoisie juive dans la première moitié du xixe siècle, est moins prégnant à partir de 1850 avec une part croissante des cas de double appellation, et, à la toute fin du xixe siècle, une légère augmentation des cas de triple appellation. L’étude de la dispersion suit un même calendrier : une faible concentration qui résulte probablement d’une appréhension encore malhabile du système de nomination, puis un mouvement de concentration à partir de 1860 autour de prénoms-phare, mouvement plus marqué chez les hommes que chez les femmes. Les choix mêmes de prénoms opérés par la bourgeoisie juive mettent au jour une identité croissante avec les prénoms nationaux, mais surtout avec les prénoms de la bourgeoisie chrétienne. Cette banalisation des choix s’accompagne d’une désaffection pour les prénoms juifs qui, d’une part, sont attribués moins fréquemment tout au cours du siècle et, d’autre part, se trouvent relégués en deuxième, troisième, voire quatrième position.