2015
Cairn
Sébastien Fath, « Les Églises évangéliques américaines et la guerre au Moyen-Orient », Les Champs de Mars, ID : 10670/1.pkrkd0
L’onde de choc post 11 septembre 2001 a réencodé à nouveaux frais la perception évangélique américaine de l’islam. Elle a réactivé les fantasmes de "guerre sainte", nourris par certains Évangéliques, proches de la présidence Bush Jr. L’aversion de ces derniers envers l’islam s’est exacerbée sur la base d’une logique prosélyte de "compétition pour les âmes". On s’aperçoit cependant, quelques années plus tard, que les mobilisations religieuses aux Etats-Unis se sont inscrites dans une problématique bien plus large, celle du combat pour l’émergence de sociétés civiles pluralistes où la différence chrétienne a toute sa place (y compris par la conversion). Par leur prosélytisme missionnaire, leur activisme local et leur soutien à Israël, les Évangéliques nord-américains contribuent à accentuer la pression états-unienne en direction d’une pluralisation sociétale au Moyen-Orient. Entre naïveté, provocation et engagement souterrain de long terme au côté des sociétés civiles émergentes, ces protestants entrent en tension entre un scénario de choc des civilisations qui opposerait islam et christianisme (Samuel Huntington), et un scénario de cosmopolitisation plus paisible (Ulrick Beck) qui verrait la région se libéraliser peu à peu, et s’ouvrir davantage au pluralisme sociétal, religieux et démocratique.