2013
Cairn
Olivier Servais, « Louvain et l'analyse du religieux : De l'ethnologie missionnaire à l'anthropologie prospective du virtuel », Histoire, monde et cultures religieuses, ID : 10670/1.plh6g2
L’analyse du fait religieux a une longue histoire à l’Université de Louvain. On peut faire remonter son origine à l’émergence de l’ethnologie religieuse au début du xxe siècle. C’est en pleine querelle moderniste que le Père Wilhelm Schmidt trouve refuge à Louvain et lance en 1912 les semaines d’ethnologie religieuse. Après la Deuxième guerre mondiale, la sociologie pastorale de Jacques Leclercq s’inscrit encore dans un projet catholique, même si l’accent est ici mis sur une analyse des transformations de la société européenne. Peu à peu la focale glisse de l’ethnologie vers la sociologie et l’objet étudié, le catholicisme, prend son autonomie par rapport à l’Église. Les concepts de « symboliques sociales » et de « transaction symbolique » sont forgés afin de s’émanciper du terme « religion » et de présenter une perspective détachée d’un cadre uniquement catholique, et pour rendre compte des mutations profonde à l’œuvre dans le religieux ou, plus largement, dans la culture. La visée anthropologique s’impose comme prospective du religieux, pour les uns en donnant la primauté au réel, pour les autres avec des démarches plus tournées vers la théorisation. Le triomphe d’Internet est enfin en voie de changer la perception et l’approche du religieux avec la diffusion de formes virtuelles qui conduisent à s’interroger sur les analogies possibles entre Internet et le religieux.