2021
Cairn
Florence Traisnel, « L’écriture hospitalière, ou La Vie sauve : Marie Desplechin-Lydie Violet, Lydie Violet-Marie Desplechin », Nord', ID : 10670/1.pm9u5s
La Vie sauve, écrit à quatre mains par Lydie Violet et Marie Desplechin, est étonnamment le récit autobiographique, que prend en charge un seul « Je », de l’expérience singulière de Lydie Violet, atteinte d’une maladie incurable. Partant d’un tel constat, c’est la nature profondément hospitalière de l’écriture desplechienne qui s’en trouve révélée, ce que montre tout particulièrement l’examen de cet ouvrage à la lumière de quelques concepts phares de la pensée de Deleuze et Guattari. Dans La Vie sauve, il est en effet d’abord et avant tout question de l’odyssée hospitalière de Lydie Violet, déterritorialisée corporellement et socialement par le cancer, ayant pris ses quartiers dans son cerveau et l’expulsant de la majorité des bien-portants. Et c’est pour mieux accompagner son amie que Desplechin l’entraîne dans un projet de co-écriture, où les voix de l’une et de l’autre se confondent en un « Je » pluriel, hôte à l’expérience de Lydie Violet. Le succès de l’entreprise est tel que, lors de sa réédition en 2006, le livre, couronné prix Médicis essai 2005, héberge désormais les voix de nombreux lecteurs touchés par ce témoignage, confirmant, par ce devenir-hôte, l’hospitalité de la plume de Marie Desplechin.