Histoire et subjectivité dans les romans de Viivi Luik

Fiche du document

Date

2005

Discipline
Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes

Licence

info:eu-repo/semantics/OpenAccess




Citer ce document

Antoine Chalvin, « Histoire et subjectivité dans les romans de Viivi Luik », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.pnb3du


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr

Cet article étudie, dans les deux romans de la romancière estonienne Viivi Luik, les distorsions subjectives dans la représentation de l’histoire politique ou sociale, c’est-à-dire les distorsions créées par l’emploi de la focalisation interne, qui implique une sélection de l’information, une « restriction de champ », mais aussi les déformations imputables à la personnalité particulière des protagonistes, sujets naïfs dépourvus de conscience historique ou politique et incapables de saisir pleinement le sens de ce qui se déroule autour d’eux. De ce fait, leur perception de l’histoire est médiatisée par des objets ou par des formes linguistiques : ils perçoivent les réalités historiques ou politiques non pas directement, mais à travers leurs manifestations matérielles ou verbales, et sans avoir une claire conscience de la signification de ces « traces », dont la fonction semble être surtout d’alimenter l’activité herméneutique du lecteur. Cette ignorance des personnages les immunise contre le tragique de l’histoire : leur légèreté et leur insouciance contrastent fortement avec la toile de fond historique qui évoque des événements très sombres. L’emploi abondant de procédés narratifs consistant à mêler les niveaux temporels, à passer de l’un à l’autre en avançant ou en reculant dans le temps, véhicule l’idée originale et paradoxale d’un panchronisme de l’Histoire, une coexistence des époques qui s’opère dans la subjectivité, grâce au « pointillé lumineux de la mémoire », selon les termes mêmes de l’auteur. Ces personnages et ces procédés sont un moyen pour l’auteur d’exprimer une conception subjectiviste de l’Histoire, d’affirmer que l’Histoire n’a pas d’existence en soi, mais n’existe qu’à travers les expériences individuelles et subjectives, et que la subjectivité est le lieu où s’abolit sa dimension tragique, où l’on peut surmonter le temps grâce à la mémoire et surmonter l’Histoire grâce à légèreté et à la joie.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en