2021
Cairn
Philippe Chareyre, « 1668, le mirage de l’édit de Nantes en Béarn », Dix-septième siècle, ID : 10670/1.ppjuef
En 1668, Louis XIV édicte un règlement général pour pacifier les divisions qui étaient intervenues entre le parlement de Navarre, défenseur du catholicisme, et les protestants béarnais. Ces derniers devenus minoritaires réclamaient le bénéfice de l’édit de Nantes qui n’avait pas été reçu dans cette ancienne principauté calviniste rattachée à la France en 1620, édit qui leur paraissait pouvoir constituer alors une bonne protection face aux mesures coercitives prises par le parlement, notamment en leur permettant la création d’une chambre mi-partie. Le règlement royal de 1668, bien moins défavorable aux protestants que les visées parlementaires, rejette toutefois cette application, limite à vingt le nombre de lieux de culte, soit le quart de l’existant, et refuse la mise en place d’une chambre mi-partie. En revanche, au nom d’une égalité de traitement des protestants dans le royaume, il légitime l’application des mesures limitatives qui ont été appliquées à l’édit de Nantes en introduisant même une part de rétroactivité. Il annonce et précède le règlement restrictif de 1669 pris pour la France qui par conséquent est immédiatement applicable pour le Béarn. Le règlement de 1668, sous le prétexte affiché de vouloir pacifier les liens entre catholiques et protestants, montre que l’esprit de l’édit de Nantes a profondément changé et que loin de permettre une évolution vers un système de coexistence religieuse au sein du royaume, cet édit est devenu désormais un instrument d’étouffement de la minorité protestante.