Justice sociale et avenir de la croissance

Fiche du document

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes

Licence

info:eu-repo/semantics/OpenAccess




Citer ce document

Alain Bienaymé, « Justice sociale et avenir de la croissance », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.pq2b0i


Métriques


Partage / Export

Résumé 0

La conception de la justice qui prévaut dans les sociétés évolue notamment en fonction de leur niveau de développement et de leur potentiel de croissance. Jusqu’à une époque récente, quand le monde vivait dans l’insouciance des prédations que l’activité économique inflige aux ressources naturelles de la planète, une première conception de la justice dite « commutative » domina, jusque vers la fin du 19° siècle. Dans un contexte de pénurie quasi – générale que symbolise l’expression « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », la liberté d’échanger semblait procurer plus de satisfactions immédiates que les progrès de la production. La logique du donnant – donnant s’illustre dans la formule : « à chacun selon sonapport ». Puis, à mesure que les nations s’enrichirent, les injustices ressenties devant une abondance mal répartie, les disparités de revenus, l’inégalité des fortunes ont contribué à faire naître une conception de la justice distributive que résume cette fois la formule : « à chacun selon ses besoins ». La partie de la population qui contribue directement à la production ayant radicalement diminué depuis le 19° siècle, les pouvoirs publics interviennent comme un puissant complément des familles pour venir en aide aux catégories sociales plus faibles. Les transferts de ressources opérés par la voie budgétaire redistribuent plus ou moins largement les revenus primaires en fonction de critères essentiellement politiques. À la suite d’A. Sen, l’analyse de la justice sociale s’est élargie en amont et en aval des revenus monétaires, pour intégrer les « capabilités » qui déterminent l’éventail des choixofferts aux citoyens dans leur vie économique, culturelle, sociale et politique. Cette approche s’impose d’autant plus que notre monde entre dans une époque nouvelle. Il doit faire face à la raréfaction des ressources épuisables, à l’altération des fonctions que l’air, l’eau et la diversité des espèces accomplissent. Ce qui remet certes en cause nos modes de croissance à marches forcées, notre obsession de la croissance et du productivisme. Et toute la difficulté sera de concilier l’aspiration légitime des consommateurs des économies émergentes à rattraper le niveau de vie des économies avancées avec une culture de la sobriété et avec un progrès technique destructeur de nombreux emplois. On tente de définir deux scénarios pour mieux identifier les défis à surmonter, les orientations à prendre dans un esprit de justice sociale sans lequel l’activité économique mondiale de l’avenir ne saurait améliorer le bien-être individuel et collectif de nos sociétés. L’histoire longue livre des leçons utiles pour comprendre la diversité des situations auxquelles les 200 nations du monde sont confrontées aujourd’hui.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Exporter en