25 septembre 2020
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Masoud Mohammadirad, « Les pronoms clitiques dans les langues ouest-iraniennes: Description, cartographie, et implications typologiques », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.pr3bnn
Les clitiques pronominaux constituent l'un des traits saillants d’un grand nombre de langues ouest-iraniennes.Toutefois, s’ils ont fait l’objet d’investigations plus ou moins systématiques dans certaines d’entre elles, ex.les dialectes kurdes centraux et le persan, ils restent très peu étudiés dans la majorité des langues où ils sontattestés, dont des langues en danger. Plus précisément, les recherches précédentes ont très peu abordél’émergence des proclitiques, le développement du système de marquage personnel, le positionnement desclitiques, l'ordre interne des séquences de clitiques et les combinaisons clitique-affixe dans une perspectivecomparative. Cette thèse a pour objectif de combler ces lacunes. L’étude du développement de laprocliticisation occupe une place importante dans ce travail. Initialement des (en)clitiques de secondeposition dans le sens de Wackernagel, une partie de langues ouest-iraniennes ont développées desproclitiques. L’hypothèse défendue dans ce travail est que cette évolution résulte d’un changement dudomaine de cliticisation, plus précisément, de l’abandon de la phrase (ou proposition) comme domaine decliticisation. Ce changement entraîne à son tour une ré-analyse des particules apparaissant en début de phrase,hôtes des clitiques de seconde position, et leur intégration dans le paradigme des clitiques. Ayant perdu leurhôte, les clitiques de seconde position changent d’orientation de rattachement et s’incorporent à l’élémentqui les suit, devenant ainsi des proclitiques. L'attachement proclitique constitue donc un développementsecondaire par rapport au second positionnement d’autrefois des enclitiques (Steele 1977; Wanner 1987). Lesystème de marquage personnel, quant à lui, indique un développement inverse pour l'indexation des sujetset des objets dans les constructions passées transitives : les premiers, initialement des clitiques pronominaux,se sont grammaticalisés en marqueurs d'accord, illustrant ainsi une tendance universelle en faveur de l'accordsujet (Siewierska 1999; Haig 2018a). Les seconds, réalisés comme des désinences (affixes) personnellesflexionnelles sur le verbe, ont fait l’objet d’une « désinflexionnalisation » à des degrés divers (Norde 2009;Haig 2018a), s’écartant ainsi d’une tendance universelle typologique associant les affixes flexionnels et laréalisation de l’accord (Siewierska 2004). En ce qui concerne les domaines de rattachement des clitiques, onpeut en énumérer trois dans les langues ouest-iraniennes actuelles : la phrase (proposition), le syntagmeverbal (SV) et le verbe. Un sous-groupe de langues avec le SV comme domaine de cliticisation constitue unesource riche pour l'étude des endoclitiques: les endoclitiques des langues ouest-iraniennes sont le résultat del'interaction entre l'exigence d’un placement en seconde position et les facteurs liés à l’accent. Les systèmesclitiques avec le verbe comme domaine de cliticisation sont caractérisés par l’attachement « ditrophique »des clitiques. L'ordre interne de la séquence des clitiques est déterminé par la hiérarchie d’arguments (A > O> R > POS) dans les langues iraniennes : l'argument classé plus haut dans la hiérarchie apparaît en deuxièmeposition dans le cluster. Cette propriété rapproche les langues iraniennes des langues romanes (Gerlach 2002).Enfin, dans certaines combinaisons clitiques-affixes, les clitiques interrompent les mots morphologiques,remettant en question une distinction catégorique entre les clitiques et les affixes d'une part et la notion de‘wordhood’ d'autre part (Haspelmath 2011).