10 juillet 2023
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Hervé Mazurel, « D’obscures régions de l’histoire », Revue d'histoire culturelle, ID : 10670/1.ptj9ca
Avant que Michel de Certeau ne rappelle à l’ordre ceux des historiens qui se sont contentés d’emprunts spontanés ou sauvages de concepts psychanalytiques, le recours à la psychanalyse avait généralement un dessein chez les historiens : celui d’éclairer les régions obscures de l’histoire (la sorcellerie, la possession, la mystique, le rêve, le carnaval, la violence extrême…), partout où les approches habituelles de l’historien s’abîmaient sur les marches de l’irrationnel, de l’insensé, du paroxysme. Parmi les historiens des mentalités, certains mêmes, à l’instar de Philippe Ariès, Jean Delumeau ou Alphonse Dupront n’hésitaient pas à recourir à la notion d’inconscient collectif. Ce que font aujourd’hui encore certains historiens du culturel, sans nécessairement le définir, mais soucieux de décrire un fond culturel commun invariant ou aux pesanteurs de longue durée. Cet article s’efforce de montrer qu’il n’y a pas lieu d’opposer un inconscient individuel et un inconscient collectif, car c’est là rester prisonniers du partage, scientifiquement ruineux, « société/individu ». À partir de l’exemple des rêves, il montre que l’inconscient est toujours déjà singulier-pluriel (ou psycho-social) et en proie au devenir historique.