8 octobre 2020
Aurélie Delage, « Rente. Entre ancrage et mobilité : le capital urbain pris dans ses contradictions. », HAL-SHS : architecture, ID : 10670/1.pxbab1
La notice débute par une définition problématisée de la rente avec une mise en perspective théorique et critique, s’appuyant notamment sur les analyses du géographe David Harvey. Puis la notion est mise en pratique à travers plusieurs études de cas. Une géohistoire des quartiers de gare permet d’articuler rente, valeur d’échange et valeur d’usage de ces espaces urbains. Sur la période récente, l’étude des projets urbains autour des gares TGV vise à déconstruire la maximisation de la rente promise par la valeur assurantielle des gares. Dans les espaces métropolitains dynamiques (Paris Gare du Nord), l’exploitation de la rente se fait au détriment de la fonctionnalité des lieux (appauvrissement de la valeur d’usage). Dans les villes en croissance sans développement (Perpignan), elle trouve ses limites dans l’inadaptation de stratégies d’attractivité mainstream calquées sur les grandes métropoles et régies par les règles de la finance internationale. C’est alors la valeur d’échange qui est également dégradée : la valeur assurantielle de la gare TGV est une condition nécessaire pour lancer l’action, mais non suffisante à l’expression de la rente urbaine. Les quartiers de gare TGV sont donc un lieu d’ancrage – temporaire et labile – du capital dans la ville, illustrant la notion de spatial fix développée par David Harvey.La conclusion ouvre sur des perspectives d’outil alternatif de fabrique de la ville visant à contrecarrer les effets pervers de la rente, notamment sa captation par une poignée d’acteurs au détriment du bien commun. Les foncières solidaires, inspirées des Community Land Trusts états-uniens, permettent, par un système de bail emphytéotique, de limiter la spéculation foncière en déconnectant la propriété foncière (collectivisée par la solidaire foncière) de la propriété des murs (privée, individuelle). Cela rend le logement davantage accessible aux ménages les plus modestes.