2009
http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/
Geneviève Michon et al., « L’argan, l’huile qui cache la forêt domestique: de la valorisation du produit à la naturalisation de l’écosystème », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.q1xwur
Denrée prisée par des grands cuisiniers ou composant de cosmétiques de luxe, l’huile d’argan marocaine présentée commercialement comme un produit fabriqué par les femmes, issue d’un arbre forestier et de pratiques purement sylvicoles, suscite depuis quelques années un intérêt soudain de la part de divers marchés. Cependant, malgré la célébrité de cette huile, vague est la représentation que se font les consommateurs de son origine, hormis l’image d’Épinal d’un arbre à chèvre endémique au Maroc, l’arganier (argania spinosa), dont les fruits à noix donnent une huile aux vertus miraculeuses. À l’aube de la création d’une appellation d’origine sur l’huile d’argan, une réflexion scientifique ayant pour objet de cerner l’impact sur les pratiques et savoirs locaux provoqué par l’explosion du marché de l’huile d’argan et par la multiplication des acteurs de développement dans la « zone arganeraie » semble s’imposer. À partir de l’exemple des politiques de valorisation de la filière huile d’argan, cette article démontre l’existence d’un processus de naturalisation des écosystèmes, d’abord symbolique puis pratique, engendré par l’action des développeur