2021
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Jérôme Lamy, « Sociology of a disciplinary bifurcation : Bruno Latour and his move from philosophy /theology to sociology in the early 1970s », HAL-SHS : sociologie, ID : 10.1177/053901842098405
Cet article analyse la transition de Bruno Latour de la théologie à la sociologie entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1970. Cette étude met en parallèle le champ philosophique des années 1970 avec le progrès des rites d’interaction spécifiques à l’intégration disciplinaire. En examinant son mémoire de master en philosophie et une conférence donnée pendant la réalisation de sa thèse, ainsi que le rapport de son séjour en Côte d’Ivoire, il est possible d’identifier les différentes étapes d’une bifurcation disciplinaire. Tout d’abord ancré dans le secteur métaphysique du champ philosophique, Latour, tout comme ses maîtres André Malet, Jean Brun et Claude Bruaire, a essayé de dissoudre cette frontière entre la philosophie et la théologie. Nourri par l’herméneutique de Rudolf Bultmann, qui génère une énergie émotionnelle particulièrement puissante, le jeune philosophe a tiré des nouvelles ressources théologiques fournies par le concile Vatican II les instruments d’une conversion à la sociologie. Avant cela, suivant l’intérêt du concile pour la prière, considérée comme le cœur de la pratique des croyants, il avait essayé de faire de la prière un mode de liturgie adéquat pour l’analyse de textes. Il a ensuite profité de l’ouverture post-coloniale du concile Vatican II pour s’engager dans le champ de la sociologie, le concile ayant épuisé les questions métaphysiques classiques. Sa découverte des effets de la domination coloniale joua aussi un rôle fondamental dans la mobilisation, une nouvelle fois, de son énergie émotionnelle. La re-catégorisation disciplinaire de Latour juste avant qu’il commence son ethnographie en laboratoire en Californie est basée sur une réévaluation des possibilités épistémologiques nées des innovations théologiques du concile Vatican II.