2018
Evelina Deyneka, « Entre les « beaux » arts et les arts « bruts » : l’expressionnisme abstrait comme outsiderisme. L’expérience de la peinture de Guy de Montlaur », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.q5fq0k
L’émergence de l’expressionnisme abstrait au milieu du XXe siècle marque le déclin du paradigme esthétique du Classicisme, abolissant définitivement la division qu’il établit entre les « beaux » arts et les arts appliqués. Le principe archaïque d’habileté, d’artisanat et le critère académique de « l’expression sensuelle du beau », qui est venu le remplacer au XVIIe siècle, ont cessé de déterminer la valeur artistique des objets non utilitaires. L’intérêt de la société occidentale pour les œuvres des patients psychiatriques et des artistes non professionnels, pour l’art des peuples d’Orient et des cultures traditionnelles, les projets innovants des avant-gardes émergentes, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, a progressivement mis au premier plan le facteur de l’expressivité. La nature de l’art a cessé d’être associée aux concepts d’harmonie, de beauté, d’imitation, de goût, un retour au principe antique d’ « aisthesis » s’est produit, selon lequel la valeur de la création artistique est déterminée par la complétude de la représentation des expériences intérieures du sujet esthétique et des voies de la « cognition sensuelle ». L’expressionnisme abstrait et l’art dit « outsider », ou « brut », « cru », ont érigé ce principe en Absolu. Sur l’exemple de la peinture de Guy de Montlaur, seront considérées les caractéristiques typologiques des tendances dominantes de l’art contemporain, qui permettent de constater l’affirmation d’un paradigme expressionniste dans la culture mondiale de la seconde moitié du XXe et du début du XXIe siècle.