4 octobre 2016
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Laurent Lescop, « Livret 1 : Ambiance et conception : Aspects théoriques et référentielsLivret 2 : Ambiance et conception : Cahier méthodologique et technique », HAL-SHS : architecture, ID : 10670/1.q93b9f
Inventé à la fin du XIXème siècle, le substantif « ambiance » décrit la perception partageable que nous pouvons avoir d’un lieu, d’un moment ou d’une relation à autrui. C’est de fait un « mot-clé » que l’on utilise autant pour ouvrir une approche phénoménologique de l’écosystème, naturel ou bâti dans lequel intervient l’humain, que pour décrire de façon plus spécifique un phénomène saillant. C’est aussi et surtout un « Mot outil », nécessaire à la compréhension et la conception des lieux en ce qu’il induit de prendre en charge, dans l’analyse et dans la conception, les interactions physiques et symboliques des phénomènes atmosphériques, sonores, d’usages dans l’espace bâti. Que ce soit pour l’analyse ou pour la conception, il est nécessaire de passer par une étape de représentation et donc pour les ambiances, de figuration de l’intangible. Une étape préliminaire consiste à repérer un corpus graphique de phénomènes climatiques et sonores et l’on vérifiera qu’il permet déjà d’accompagner le projet d’indications précises quant aux intentions de maitrise et de régulation de l’environnement. Il n’est cependant pas suffisant pour relater trois épaisseurs perceptives que l’on pourrait dénommer le « fond », « l’intelligible » et le « saillant » ; la qualification sensible d’un environnement étant l’appréciation que l’on peut avoir de l’une ou de l’autre de ces épaisseurs.L’étape de représentation révèle donc les aspects cognitifs qui accompagnent la perception d’un lieu en l’attachant à un contexte, sous la forme d’un récit, à une dynamique temporelle, à une identification de figures sensibles, à des valeurs symboliques et à une attention portée. Avec le récit, une ambiance devient un espace actualisé et par conséquence un espace dénoté. Ce dernier est caractérisé par un certain nombre d’indices qui le relie à un ailleurs distant, fictionnel ou non, avec lequel il établit des relations d’imitation ou de ressemblance. Trois familles d’espace facilitant la dénotation sont caractérisables : le topique, l’archétypiques et la synecdoque d’ambiance.La validation de ces hypothèses passe immanquablement par le projet et la mise en œuvre de configurations variables permettant de discerner l’influence et la variabilité de chaque facteur tout en préservant une approche phénoménologique. Pour des questions pratiques évidentes, il est donc fait appel au virtuel et à l’immersion du sujet dans une fiction pour commencer à comprendre le fonctionnement des phénomènes et tester leur intensité sur un spectateur. Il faut dès lors se saisir d’une nouvelle problématique pour simplement spécifier le protocole d’expérimentation. Si l’on sait maintenant qu’une expérience virtuelle se vit, du point de vue neuronal, de façon très proche d’une expérience réelle, il n’en reste pas moins qu’une réflexion approfondie doit être conduite sur ce que l’on qualifie « d’immersion » et sur la nature des dispositifs mobilisés, dit autrement, il s’agit de travailler simultanément sur le support et sur le contenu.Les dispositifs parviennent à l’illusion de l’immersion en opérant trois mouvements : le premier est l’enveloppement du spectateur par débordement de son espace visuel, le second est le détachement du monde réel par sidération en le saturant de nouvelles informations sensorielles, le troisième est l’engagement dans le monde virtuel, par le moyen d’interfaces d’interaction réelles ou non. La conjonction des trois donne l’illusion d’entrer dans un espace diégétique, de passer de l’autre côté de l’écran développant l’idée de transgression. Les outils numériques mis en œuvre dans des dispositifs immersifs aident grandement à la pédagogie et à la conception des ambiances. Les projets ne concernent pas forcément des réalisations pour le monde contemporain, ils peuvent être très favorablement mobilisés, au côté des archéologues, pour des restitutions de contextes et d’ambiances historiques.