2004
Cairn
Mechthild Veil, « Réformes des pensions et égalité entre hommes et femmes en France et en Allemagne », Retraite et société, ID : 10670/1.qasqv7
La comparaison des réformes des systèmes de retraite en Allemagne et en France a montré que les réformes prenaient des orientations différentes, et qu’un même type d’État providence pouvait donner lieu à deux évolutions divergentes. En France, ce sont essentiellement les questions de répartition qui sont débattues, sans toutefois être transposées automatiquement dans les démarches de réforme. En Allemagne, les questions de financement ont davantage dominé la réforme de2001. Dans les deux pays pourtant, les réformes ne sont pas définitives et peuvent encore être modifiées à brève échéance. Depuis la réforme des retraites de 2001 en Allemagne, les régimes de prévoyance par capitalisation des deuxième et troisième piliers prennent une part croissante dans les revenus de retraite. De ce fait, les femmes rencontrent des problèmes car elles sont davantage représentées dans l’assurance pension obligatoire et davantage tributaires de la compensation sociale prévue dans le régime de base. Lapoursuite des réformes dans ce sens, accentuée par les mesures d’économies (abaissement du niveau des retraites) dans le premier pilier, aggrave l’inégalité sociale entre hommes et femmes. Laréforme en Allemagne bouleverse la place de chaque pilier dans le revenu des personnes âgées. On constate une réduction du poids du système légal, l’introduction d’une dose de capitalisation dans le troisième pilier et, enfin, une plus grande privatisation des risques sociaux. À l’avenir, la couverture vieillesse reposera plus que dans le passé sur les trois piliers considérés comme un ensemble. Dans ce nouveau contexte, la question des retraites des femmes se pose autrement. Un taux d’activité élevé pour les femmes reste le meilleur garant d’un revenu suffisant à la retraite. Il requiert une politique de l’égalité, qui facilite l’accès et le maintien des femmes sur le marché du travail, ainsi que des systèmes de retraite qui ne soient plus structurés uniquement à partir du modèle d’un salarié masculin travaillant à temps plein et à durée indéterminée dans l’industrie: de plus en plus, ils doivent protéger aussi équitablement les carrières flexibles menées dans des conditions de travail précaires.