23 novembre 2015
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Anne-Sophie Giraud, « Les statuts de l'être anténatal : un processus d'humanisation "relationnel".: Assistance médicale à la procréation et mort périnatale. », HAL-SHS : sociologie, ID : 10670/1.qaz6u9
Depuis les années 1960 et 1970, les statuts de l’embryon et du fœtus ont profondément changé dans les sociétés démocratiques occidentales. La situation actuelle de l’être anténatal oscille entre un mouvement de « personnification » (avec les pratiques « humanisantes » autour du mort-né), et une volonté de « dépersonnification » (IVG, IMG, recherche sur l’embryon, etc.). Ce phénomène, qui parait contradictoire, montre les difficultés des sociétés modernes à penser cette « condition fœtale » et à lui attribuer un statut. Cette recherche étudie dans le contexte français, l’être anténatal à deux moments du processus de gestation : à la conception – à partir des embryons in vitro en AMP–, et à la naissance – à partir de la mort périnatale. Ces étapes particulières permettent de comprendre comment s’établit une temporalité spécifique à l’engendrement, ponctuée de seuils institués qui marquent le passage de l’être anténatal, de « rien » à « tout », et d’une « non-vie » à une vie autonome. Ce constat permet d’affirmer que l’engendrement est un processus relationnel.Cette étude montre également que les statuts successifs de l’être anténatal au cours de la gestation sont eux aussi relationnels. Ils ne dépendent pas seulement de caractères internes (morphologie et taille des cellules, etc.), mais de la façon dont ils sont placés au sein d’un monde de significations et d’un processus social : l’engendrement. Les personnes modifient leurs représentations de l’être anténatal, non seulement en fonction de son état (in vitro, in utero, congelé, frais, mort, malformé, etc.) mais aussi de leurs expériences. Cette recherche propose donc une approche socio-anthropologique du processus d’humanisation de l’être anténatal qui devrait renouveler les présupposés classiques du débat sur l’avortement, c’est à dire éviter l’alternative entre le biologique et le social, la chose et la personne.