2014
Cairn
Natalia Muchnik, « La conversion en héritage. Crypto-judaïsants dans l'Europe des XVIe et XVIIe siècles (Espagne, France, Angleterre) », Histoire, économie & société, ID : 10670/1.qbt7aw
Cet article interroge la spécificité du crypto-judaïsme comme religion clandestine et la relation des judéoconvers d’origine ibérique au judaïsme en les étudiant dans plusieurs contextes socio-politiques de l’Europe des XVIe et XVIIe siècles : les communautés marranes d’Espagne, confrontées à l’Inquisition et coupées du judaïsme, et les foyers crypto-judaïsants de France et d’Angleterre, relativement tolérés et qui se dotent parfois d’institutions cultuelles. La diversité des positions influe sur l’investissement social du secret, les modalités d’appartenance au groupe et les constructions identitaires. Sachant que d’ordinaire les crypto-judaïsants ne sont plus des convertis mais des descendants de convertis. On voit comment le souvenir de la conversion originelle est réactivé tant par les institutions répressives et les sociétés d’accueil que par les judéoconvers. L’ambiguïté de leur statut se lit dans leur rapport complexe au judaïsme et l’ambivalence de leur position dans la diaspora, particulièrement manifeste lorsqu’ils intègrent une congrégation officielle.