2013
Cairn
Cynthia Mauro, « Choisir de devenir thanatopracteur : une dynamique motivationnelle complexe », Études sur la mort, ID : 10670/1.qf7zso
Nos ritualités funéraires traditionnelles toujours investies, recouvrent néanmoins une scénographie bien différente, plus contemporaine et à l’image des évolutions multiples de notre société et de nos modes de vie. Elles tendent à se personnaliser, s’individualiser, se singulariser, et se laïciser appelant à un sens symbolique nouveau. L’attachement au corps mort évolue lui aussi vers une sacralité modernisée avec en toile de fond une tendance collective au retrait de la vue sociale, à l’aseptisation et à l’hygiénisation. Le « prendre soin des morts » est donc aujourd’hui largement codifié, réglementé et relève plus de la responsabilité de professionnels qualifiés (professionnels des chambres mortuaires, professionnels funéraires) que des familles. Chaque année, le nombre de candidats à la formation de thanatopracteur ne faiblit pas voire augmente. Comment peut-on s’affranchir des préjugés sociaux et oser affirmer son choix de devenir un embaumeur des temps modernes alors même que notre société persiste dans un rapport très ambivalent face à la mort et aux morts ? Nous nous proposons alors d’interroger la nature des déterminants motivationnels énoncés par ces postulants lors de d’entretiens de pré-admission à la formation et qui leur servent de support argumentaire pour légitimer une telle démarche. Pour cela, nous articulerons notre réflexion autour deux points principaux : les déterminants motivationnels objectifs et l’utilité d’une prise en compte de ces déterminants en termes de prévention des risques psychiques à plus long terme.