12 mars 2020
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Marc Delepouve et al., « Sortir des énergies fossiles : les atouts du solaire dans les énergies distribuées », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.qftmt1
Quatre grands types d’arguments permettent de souligner l’importance de l’énergie solaire, et plus largement des énergies renouvelables, dans le mix énergétique mondial du futur : la réalité du changement climatique global et l’urgence de son atténuation ; les enjeux géopolitiques ; les enjeux sociaux, en particulier l’accès aux droits sociaux fondamentaux ; les enjeux démocratiques et de gouvernance des choix scientifiques et techniques. Si des énergies non fossiles avaient été développées plus tôt la situation serait différente aujourd’hui en termes climatiques, géopolitiques, sociaux et démocratiques. L’histoire ne se réécrit pas. Mais toutes les erreurs du passé ne sont pas vouées à être indéfiniment reproduites. C’est à expliciter certaines des voies d’un autre futur que cet article est consacré. Depuis 1990, les rapports successifs du GIEC confortent l'hypothèse d'un changement climatique d'origine essentiellement anthropique. Le 5e rapport d'évaluation (2013 - 2014) affirme que " l'influence de l'homme sur le système climatique est clairement établie ". Ce niveau de certitude scientifique acquis était-il indispensable à l'action ? Dès 1979 et la publication du rapport de l’Académie américaine des sciences, Carbon Dioxide and Climate : a Scientific Assessment, les connaissances scientifiques étaient suffisantes pour alerter les politiques, convoquer le principe de précaution et opérer une transition afin d'écarter le risque d'un réchauffement climatique global, voire une bifurcation du système climatique aux conséquences majeures et irréversibles pour l'humanité. Une quarantaine d’années s’est maintenant écoulée durant laquelle les enjeux n’ont cessé de croître et les transformations nécessaires de devenir de plus en plus urgentes. Aujourd'hui, une prise de conscience s’affermit au sein de l’ensemble de la société… Nous montrons que, si les énergies renouvelables – solaires notamment - constituent une part importante de la solution, elles requièrent une forte évolution des systèmes énergétiques. Nous examinons en particulier la singularité et le caractère inédit de la transition énergétique à effectuer : il ne s’agit pas d’ajouter une ou de nouvelles sources d’énergie à celles qui préexistent, mais, notamment, de mettre un terme à l’exploitation des principales sources actuellement utilisées, les énergies fossiles. Nous évoquons notamment des pistes pour l’élaboration de politiques de recherche résolument tournées vers le développement de systèmes énergétiques distribués - c’est-à-dire de productions énergétiques différentielles dans l’espace et le temps -, et comportant de multiples sources énergétiques de tailles et de natures différentes insérées – au moins pour partie - dans des réseaux interconnectés. Ces systèmes présentent une orientation susceptible d’apporter aux populations une réappropriation des questions énergétiques. Ils questionnent aussi la nature de l’expertise et la possibilité de voies d’innovations citoyennes dans le domaine.