Histoires de cul

Résumé Fr En

Cet article dresse la généalogie de l’interface corporelle et libidinale de la représentation anale, à travers la fortune du mot « cul » dans la langue française et dans les textes de Freud, Lou Andreas-Salomé, Wilhelm Fliess, Christian David, Guy Hocquenghem. Il pointe la coalescence de l’érotisme anal et de l’érotisme fécal dans les premiers textes psychanalytiques abordant la question cloacale. Il démontre le frein qu’a représenté sur la pensée freudienne le refus originel définitif de Fliess à concevoir la bisexualité dans un plan antéro-postérieur. Une relecture du cas Signorelli, et la réinterprétation détaillée de quatre rêves de Freud indiquent en quoi il a été empêché d’élaborer les spécificités de l’anus comme constitutifs du danger instinctuel interne et comment le différend Freud/Fliess sur la bisexualité repose sur une différence de plan anatomique : frontal vs sagittal.

This article raises the genealogy of the physical/libidinale interface of the anal representation, through the fortune of the word “cul (butt)” in the French language and in the texts of Freud, Lou Andreas-Salomé, Fliess, Christian David, Guy Hocquenghem. It points the coalescence of the anal eroticism and the faecal eroticism in the first psychoanalytical texts when approaching the cloacale question. It demonstrates the brake that represented on the Freudian thought the definitive refusal of Fliess to conceive the bisexuality in an antéro-posterior plan. A review of the case Signorelli, and the detailed reinterpretation of four Freud’s dreams indicates why he was prevented from developing the specificities of the anus as a constituent element of the internal instinctual danger. It also shows how the dispute Freud / Fliess on the bisexuality bases on a difference of anatomical plan : sagittal vs frontal.