2024
Cairn
Hicham-Stéphane Afeissa, « Pour une esthétique de la charogne », La Pensée écologique, ID : 10670/1.qid4gr
L’apport majeur de l’esthétique environnementale au cours de la seconde moitié du XXe siècle a consisté à démontrer qu’il existe un lien entre l’expérience esthétique et la connaissance scientifique, la science naturelle fournissant les schèmes classificatoires permettant de savoir ce qu’il convient d’apprécier et comment il convient de le faire lorsqu’il en va de l’appréciation de la nature. La réhabilitation des paysages des marais depuis le milieu du XIXe siècle offre une belle confirmation de la validité de cette thèse, cette dernière étant en effet largement redevable des leçons de l’écologie, à telle enseigne que l’on peut bien tenir les paysages des marais pour l’objet paradigmatique de toute esthétique environnementale. Mais peut-on espérer effectuer semblable revalorisation du spectacle intrinsèquement répugnant que donne à voir un corps en décomposition, quelles que puissent être nos notions sur l’écologie du recyclage des nutriments ? La charogne n’est-elle pas l’objet-limite de toute esthétique ?