28 novembre 2022
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André Caruso, « Une république heureuse parmi les Guarani. Le platonisme entre Europe et Amérique (XVIIe-XVIIIe siècle) », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.qleo4n
La Dispute du Nouveau Monde a excité les cercles lettrés européens au 18ème siècle. Cette controverse a mis dans l'ordre du jour le problème de la conquête de l'Amérique. Les jésuites étaient au centre de cette dispute, puisque la Compagnie de Jésus était accusée d'avoir été l'une des causes du retard américain. En conséquence, de nombreux religieux ont commencé à écrire des relations sur les terres américaines et sur le travail évangélique qu'ils y ont accompli. Certains de ces religieux, notamment les jésuites, vont mobiliser des thèmes récurrents de l'Utopie de Thomas More, car les discours utopiques sont alors très en vogue. On peut dire que des utilisations plus originales de ces thèmes ont été entreprises par José Manuel Peramás, un jésuite de la province du Paraguay, exilé en Italie en 1763, qui a comparé les missions jésuites à la République de Platon. L'historiographie, en général, considérait l'œuvre de Peramás et quelques autres textes similaires, notamment ceux de Ludovico Antonio Muratori et de Pierre François Xavier de Charlevoix, comme « utopiques ». Le régime rhétorique de production des discours, encore en vigueur au XVIIIe siècle, n'a pas été suffisamment considéré dans ces études. Ainsi, l'île de l'utopie a été « découverte » en Amérique, sans prêter attention à la logique qui commandait la production et la circulation de ces discours. L'objectif principal de cette recherche est de revenir aux textes du XVIIIe siècle sur les réductions du Paraguay et de les réinsérer dans leur contexte de production et de réception. De plus, il cherche à reconstituer un réseau de savants constitué au XVIIIe siècle, dont l'objectif principal était de défendre l'entreprise missionnaire jésuite dans la province du Paraguay.