2005
Cairn
Frans Van Poppel et al., « Measuring cultural differences between religions using network data. An example based on nineteenth-century Dutch marriage certificates », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.qm1qgc
La place particulière des Juifs dans la transition démographique a été partiellement expliquée par la composition, la structure et le fonctionnement spécifiques de leurs réseaux, notamment leur ample ouverture géographique et une forte centration sur la parenté. Dans cet article, nous posons les bases d’une comparaison des caractéristiques des réseaux de chaque confession religieuse en recourant à l’analyse des témoins de mariage issus d’un échantillon de 3 729 mariages civils célébrés à La Haye (Pays-Bas) entre 1859 et 1902. Les réseaux des juifs sont comparés à ceux des catholiques et des protestants, tout en prenant en compte l’appartenance socio-professionnelle des conjoints. On observe parmi les conjoints juifs une implication plus forte de la famille au sein de la cérémonie de mariage, et ce quelle que soit la classe sociale. Par ailleurs, le réseau des juifs inclut des individus provenant d’un espace plus large que dans le cas des réformés et des catholiques, là encore à niveau social équivalent. Nous tentons de voir si ces résultats sont vraiment en mesure de traduire une plus forte centration familiale ou un cosmopolitisme supérieur parmi les juifs, ou s’il faut convoquer d’autres explications. Sont ainsi examinés les éventuels effets d’une différence religieuse dans le rapport au mariage proprement civil, de la ségrégation et de l’isolement de la communauté juive, de la taille restreinte du milieu juif à La Haye, de différences dans les origines des conjoints en fonction de la confession. Nous concluons cependant à la présence de fortes différences entre les groupes religieux en ce qui concerne le poids des relations à longue distance et l’importance donnée aux membres de la parenté dans un moment aussi crucial de l’existence que le mariage.