2021
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Edith Parlier, « De la nuit de fête à la nuit mystique : ombre et lumière dans les miniatures mogholes et râjpoutes du XVIIIe siècle », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.qmbue6
Au XVIIIe siècle la peinture moghole exerce une influence importante sur certaines écoles du Rajasthan et du Penjab. A la même époque se répand aussi la vogue des scènes nocturnes. En fonction des écoles et du contexte culturel, la thématique de ces scènes diffère ou converge comme diffèrent ou convergent les procédés utilisés pour les illustrer. Si les miniatures empruntèrent, avec le principe occidental de la mimèsis, la technique du clair-obscur, apparue d’abord dans l’art moghol, elles ne l’appliquèrent pas de façon systématique et elle coexista avec d’autres modes de représentation, qui varient en fonction des écoles et du contexte culturel. Peinture moghole et peinture râjpoute partagent certains thèmes, telle la fête illuminée de feux d’artifice, qu’elles évoquent par des procédés à la fois similaires et distincts, mais présentent aussi des spécificités. Ainsi dans la peinture pahārī, la nuit noire qui enveloppe les amours de Kṛṣṇa et Rādhā, les ténèbres profondes où l’héroïne s’aventure à la recherche de son bien-aimé, comme le clair de lune laiteux qui baigne les scènes du Bhāgavata Purāṇa font écho à une longue tradition littéraire qui associe d’abord la nuit au sentiment amoureux, parfois auréolé d’une dimension mystique, et impose ses codes aux représentations picturales. La peinture moghole du XVIIIe siècle privilégie les scènes nocturnes de la vie religieuse et contemplative, et en particulier les représentations de la dévotion féminine hindoue, mais illustre aussi des romances où se devine l’empreinte de la tradition littéraire hindoue.