2011
Cairn
Eugénie Margoline-Plot, « Les circuits parallèles des toiles de l'océan Indien : Lorient au XVIIIe siècle », Histoire urbaine, ID : 10670/1.qmix9d
Dans le florissant XVIIIe siècle, Lorient, ville neuve, ville de la Compagnie des Indes, s’est affirmée comme la porte française des Indes. L’intrusion de l’Asie est à l’origine de l’innovation en matière de goût, avec le développement de l’exotisme à travers la mode des boissons chaudes sucrées (thé, café) et surtout des cotonnades. Nous les rencontrons dans les hardes des gens de mer qui reviennent de l’Océan indien, sur les étals des boutiquiers, dans les stocks des négociants, et jusque dans l’intimité des foyers, même en pleine prohibition. L’étude des inventaires après décès, des faillites de marchands et des hardes des gens de mer permet de dégager un certain nombre d’indicateurs de diffusion sociale et socio-géographique, surtout elle met à jour des circuits de distribution parallèles à ceux du monopole de la Compagnie. La pacotille des gens de mer, voie d’entrée privilégiée des étoffes asiatiques, alimente un circuit de distribution familiale et périphérique, mais aussi commerçant, où de véritables stratégies commerciales se mettent en place, impliquant des acteurs et des réseaux jusqu’ici méconnus : tels les crieurs, les priseuses revendeuses et le marché de l’occasion, mais encore les tailleurs et les petits boutiquiers.