2014
Cairn
André Bourgeot, « Sahara : espace géostratégique et enjeux politiques (Niger) », NAQD, ID : 10670/1.qofn07
L’OCRS apparaît très rapidement comme une institution à caractère politique. L’évolution de la guerre d’Algérie devait finalement limiter son action aux deux seuls départements sahariens de la Saoura et des Oasis. Elle disparut en 1962, suite à la proclamation de l’indépendance algérienne après huit années de guerre. L’OCRS confirme que le général Bugeaud avait, en son temps, et du point de vue colonial, correctement envisagé le rôle stratégique du Sahara qu’il considérait comme « la sécurité de l’Algérie ».Il apparaît au fil de cette étude que si la géographie n’est pas en mesure de circonscrire précisément le Sahara, c’est le politique et les politiques nationale et internationale qui lui donneront des frontières, artificielles bien sûr. Le Sahara, comme tous les autres déserts, se définit par rapport à ses marges. Envisagée comme la plaque tournante de l’Afrique francophone, les exemples avancés et les événements historiques décrits dans cet article tendent à montrer que le Sahara est avant tout un espace géostratégique, lieu d’enjeux politiques et économiques (« plan de Foucauld », OCRS, constitution récente des États sahariens impulsée par le colonel Kadhafi). Le Sahara, centre périphérique des enjeux politiques ou périphérie du centre stratégique est ambivalent et complexe. Espace hors ou sans frontière, ce sont aussi de vastes étendues vides peuplées de génies (les djinns)***, de derricks, de dunes, de cailloux, de nomades et de sédentaires : le Sahara se franchit mais il ne se laisse pas domestiquer pour autant.