« Y croire. » Retour sur l’« efficacité symbolique »

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Plus de soixante ans après l’article de Claude Lévi-Strauss, la notion d’« efficacité symbolique » a-t-elle fait son temps ? On préfère aujourd’hui chercher le mystérieux pouvoir des mots et des images dans le « cognitif » ou dans le « virtuel » plutôt que dans le « symbolique », ce dernier terme n’étant plus guère employé par les anthropologues. Pourtant, ce que Marcel Mauss appelait le symbolisme est bien présent dans des expériences aussi diverses que la psychothérapie, la conversion religieuse, le don et le jeu : pour guérir d’un mal psychique comme pour sauver son âme, pour nouer un pacte d’alliance comme pour entrer dans un jeu, il faut y croire. Et l’on peut chercher un ressort commun de ces « faits totaux », à la fois biologiques, psychologiques et sociaux, dans cet y croire qui n’est pas seulement un penser mais aussi un ressentir et un vouloir.

Over sixty years after Claude Lévi-Strauss’ article, is the notion of ‘symbolic efficiency’ out of date? The term is no longer in use by anthropologists who prefer to seek the mysterious power of words and images in the ‘cognitive’ or the ‘virtual’ rather than in the ‘symbolic’. Yet what Marcel Mauss called ‘symbolism’ (‘le symbolisme’) is present in experiences as diverse as psychotherapy, religious conversion, gift and play: in order to heal a psychic ailment or save one’s soul, to make an alliance or enter a game, one has to believe in it. It is possible to seek a common driving force to all these ‘total facts’, be they biological, psychological or social, in this believing that is not only an act of thought but also one of feeling and volition.