24 octobre 2022
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Adrien Estève, « Intégrer les enjeux climatiques dans le secteur de la défense en France. La climatisation comme changement graduel de l’action publique », Archive ouverte de Sciences Po (SPIRE), ID : 10.3917/gap.223.0055
Les approches contemporaines de la climatisation de l’action publique avancent que la mise à l’agenda du changement climatique provoque deux types de transformation au sein des organisations. D’un côté, la climatisation s’inscrirait dans la continuité des pratiques traditionnelles de conversion environnementale (ou de verdissement) de l’action publique. Elle se limiterait alors à accentuer ou atténuer certaines préoccupations écologiques préexistantes comme la réduction des émissions carbonées ou à la transition énergétique. De l’autre, elle entraînerait un important bouleversement des pratiques des organisations, en raison du travail de traduction de leurs missions en termes climatiques. Ce serait particulièrement le cas des institutions chargées de la sécurité et de la défense, qui auraient tendance à « climatiser » certains enjeux comme les migrations ou le terrorisme. Cet article propose de montrer que ces deux approches sont complémentaires pour saisir la dimension progressive et graduelle du changement institutionnel provoqué par la mise à l’agenda du changement climatique, à partir du cas du ministère des Armées. La climatisation apparaît en effet comme un processus incrémental et différencié de construction du problème climatique par le secteur de la défense. Il est incrémental car la climatisation consiste en une série d’ajustements internes pour insérer le problème climatique dans des politiques publiques préexistantes. Il est également différencié car plusieurs constructions du problème peuvent coexister au sein de l’organisation, au risque de se chevaucher, voire de se concurrencer.