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Amélie Robert et al., « Les citadins, un désir de nature « sous contrôle », « fleurie et propre » », HAL-SHS : géographie, ID : 10.4000/metropoles.5619
Les espaces de nature participent à la qualité de vie en ville : l’idée est désormais acquise ; les bénéfices pour les usagers sont nombreux. Les villes en ont conscience et elles utilisent ces espaces comme argument de séduction, pour attirer de nouveaux habitants ; leurs élus les exploitent aussi, comme argument électoral. Les espaces verts concourent à améliorer l’image des villes, à les rendre attractives.Dans le cadre du projet de recherche SERVEUR, financé par la région Centre-Val de Loire, nous nous sommes intéressés aux services écosystémiques culturels et à la consommation des espaces de nature dans des villes moyennes. Dans cet article, nous interrogeons plus particulièrement cet attrait exercé par les espaces verts : quelle nature en ville le citadin désire-t-il ? Cette nature prend des formes diverses, du parc d’agrément fortement ordonné aux bois et parcs naturels, où la végétation croît plus spontanément. Quel type d’espaces verts les citadins plébiscitent-ils le plus ? Comment les gestionnaires intègrent-ils cette préférence ? Afin d’identifier la demande de nature des citadins, à travers leurs usages et perceptions, et les pratiques de gestion résultantes, mises en place par les acteurs municipaux, nous avons mené des observations et entretiens dans six villes moyennes de la région Centre-Val de Loire. De ce travail, il ressort que la nature urbaine doit être maîtrisée, pour les deux publics, mais les justifications diffèrent.Pour les habitants, l’espace vert urbain est d’abord un espace de quiétude, récréatif, sécurisé et entretenu. Les usages confirment cette idée. Les bois et espaces semi-naturels sont moins fréquentés que les parcs d’agrément. Le citadin déclare apprécier la nature. Il réclame sa présence en ville. Mais il se plaint aussi des désagréments engendrés auprès des gestionnaires : il veut une nature qui ne salit pas et voit dans le développement spontané de la végétation un manque d’entretien. Pour les gestionnaires, la perception de la nature par le citadin est antinomique ; il veut les avantages sans les inconvénients. Il désire en fait une nature « sous contrôle ».Les acteurs municipaux chargés des espaces verts abondent dans le même sens. Ils déclarent vouloir « plus de nature », mais devoir se conformer aussi aux attentes des citadins. En effet, les gestionnaires souhaitent que leurs espaces verts soient fréquentés et les élus ont intérêt à satisfaire la demande de leurs électeurs. Alors que la gestion différenciée s’impose dans toutes les villes, encouragée par les politiques publiques, les espaces verts, même les moins entretenus, ne doivent pas apparaître négligés aux yeux des habitants. Les dynamiques naturelles sont encadrées pour éviter toute « dérive » (herbes hautes, chute de feuilles, pollen…).Les gestionnaires tentent de satisfaire le désir de nature urbaine qu’exprime le citadin, un désir paradoxal qui laisse finalement bien plus de place à une nature maîtrisée, « sous contrôle » qu’à une nature spontanée.