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Agnès Blandeau, « Various Meanings of Debt and Indebtedness in Dives and Pauper », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.qwpq2q
Ainsi que Pauper l’explique à son disciple dans la longue disputatio en prose du début du XVe siècle, Dives and Pauper, l’homme a le devoir d’observer les commandements divins. La parenté sémantique et phonologique des termes devoir et dette ne peut manquer d’être soulignée. Dans le Middle English Dictionary en ligne, l’entrée dette confirme ce lien étroit dans la définition 3b qui traduit ben in dette par be obliged, be in duty bound en anglais moderne. Pauper fait remarquer que tout rapport social entre un frère prêcheur et son auditoire, un vendeur et son client, un mari et sa femme, un maître et son serviteur, ou encore un souverain et ses sujets doit s’appréhender conformément aux normes établies par la justice des hommes et leurs codes de conduite lesquels, contrairement à la loi divine, ne sont pas soumises aux variations et évolutions. La vie en société, en effet, entraîne immanquablement des compromis, concessions, et arrangements. C’est pourquoi Pauper recommande une plus grande déférence aux lois du Très-Haut, qui sont immuables et priment sur celles d’ici-bas. (Dives & Pauper, Vol. I, Part 1, Cap. xxxv, p.160, l.12-14). L’homme doit à Dieu révérence, foi, et obéissance. En d’autres termes, il est lié à Lui par une dette d’ordre moral, ce que Dives ne conteste pas. Or, comme il le précise à juste titre, le contraire est tout aussi vrai car les serviteurs de Dieu, les gens d’église, du plus humble au plus élevé, l’archevêque en l’occurrence, sont sensés honorer le contrat moral qui les engage auprès des laïcs placés sous leur gouvernance pastorale.L’examen des différents aspects que revêtent l’idée de la dette, le fait d’être redevable, et ce que cela implique nous amène à nous interroger sur la façon de concilier les connotations profanes et sacrées de la notion d’endettement. À première vue, le théologique et l’économique peuvent paraître absolument incompatibles dans la perspective chrétienne. Toutefois, une lecture attentive de Dives and Pauper révèlera probablement que contracter, payer, ou à l’inverse, ne pas honorer une dette renvoient à plus d’une seule signification. Le débat entre le riche et le pauvre rend compte d’une conscience aiguë de ce que veut dire être redevable, devoir à quelqu’un à tous égards dans le quotidien des Anglais du début du XVe siècle, qu’il s’agisse de l’institution ecclésiale, d’un prêteur d’argent, ou d’une épouse.