Réécrire les vies des saints évêques de Toul (1699-1712)

Résumé Fr

Dans la longue lignée des apôtres du pays des Leuques, saint Gérard occupe une place à part, non pas tant par son action et sa vie, que par les instrumentalisations politiques dont il a fait l’objet à partir des dernières années du XVIIe siècle. L’affaire est liée au statut territorial de certains espaces sous contrôle français aux portes du royaume de France, comme la ville de Toul d’une part, et des grands domaines monastiques vosgiens qui se déclarent exempts de l’autorité épiscopale touloise. Dans cette querelle propre à affaiblir le pouvoir lorrain comme l’autorité française, saint Gérard est déplacé comme une pièce importante dans l’échiquier ecclésiastique. L’évêque de Toul, Henri Thiard de Bissy, charge un capucin, Benoît Picart, de défendre les intérêts du diocèse. Cette défense prend la forme d’une Vie de saint Gérard, publiée en 1700, choisi à dessein pour sa popularité et la ferveur qu’il suscite auprès des Toulois. Cette communication entend articuler les modalités de l’érudition chez un admirateur de dom Mabillon et la commande politique à laquelle répond l’ouvrage. Sous couvert d’application rigoureuse de la critique historique, le capucin doit répondre de manière serrée à des arguments qui pleuvent de toutes parts, dans des publications croisées, entre 1695 et 1710 environ.