De la satire lucianesque à la diatribe philosophique : le Charon de Giovanni Pontano (1467)

Résumé En Fr

Whatever might be said about the existence of diatribe as a genre in the Antiquity, the link between the dialogue and what we may call the diatribic tone and finality (i. e. a parenetic exhortation to philosophy), which characterizes certains texts by Lucian of Samosata, did not go unnoticed by Renaissance humanists. Giovanni Pontano's "Charon" shows it. A prominent Napolitan humanist, he shared his most secret doubts in this Lucianic dialogue set in hell, but he also expressed his most sincere ideal of wisdom, inspired by stoicisim and cynicism, set against ordinary irrationality. Through the voice of Charon and the judges of hell, he argues vividly against the human passions afflicting Italian cities, the vain intellectualism of some colleagues or rivals, or religious superstitions. But satire finally gives way to the exemplary discourses of two noble souls, that of the Tuscan and the Umbrian, whom we interpret as a figuration of Leon Battista Alberti, author of the "Momus", and Pontano himself.

Quoi qu'il en soit de la réalité ou non de l'existence de la diatribe en tant que genre dans l'Antiquité, le lien entre le dialogue et ce qu'on peut appeler la tonalité et la finalité diatribiques (au sens d'exhortation parénétique à la philosophie), qui caractérise certains textes de Lucien de Samosate, a intéressé les humanistes de la Renaissance. En témoigne le "Charon" de Giovanni Pontano, humaniste napolitain de premier plan, qui confie ses doutes les plus secrets dans ce dialogue lucianesque situé aux enfers, mais qui y exprime aussi sincèrement un idéal de sagesse, d'inspiration cynico-stoïcienne, opposé à l'irrationalité ordinaire. Par la voix des juges infernaux et par celle de Charon, il polémique avec virulence contre les passions humaines qui agitent les cités italiennes, l'intellectualisme vain de certains collègues et rivaux, ou encore les superstitions religieuses. Mais la satire s'efface pour laisser place à deux nobles âmes aux discours exemplaires, celle du Toscan et de l'Ombrien, que nous comprenons comme des figurations de Leon Battista Alberti, auteur du "Momus", et celle de Pontano lui-même.

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