Théâtre et philosophie. Le dithyrambe et la légende

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2018

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François Regnault, « Théâtre et philosophie. Le dithyrambe et la légende », Revue de métaphysique et de morale, ID : 10670/1.r0ou4t


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Théâtre et philosophie : ils passent pour être nés en même temps chez les Grecs, comme par miracle : le miracle grec. Aussi suis-je parti d’une série de huit courts dialogues babyloniens du vii e siècle av. J.-C., entre un maître et son esclave, qui passent pour du théâtre avant la philosophie (et dont une analyse par Jean Bottéro montre que ce n’en est pas). Pour les Grecs, l’historien Louis Gernet préfère parler de création que de miracle. La question a des résonances nietzschéeennes : Naissance de la tragédie, Naissance de la philosophie sont des titres de Nietzsche. Aussitôt, son hypothèse se propose : à l’issue de ses tentatives, assez artificielles, de faire coïncider philosophies présocratiques et tragédie grecque, Nietzsche conclura à la contamination du vrai théâtre, dionysien, par la philosophie, socratique (Euripide et Socrate) : « Socrate destructeur de la tragédie ». La philosophie (grecque) aurait donc tué le théâtre (grec). On reprend ensuite la mise en question par Platon de la tragédie et des poètes (qui ne concerne, tout de même, que les gardiens de la République). Nietzsche imaginera étrangement que Platon ait voulu concurrencer le théâtre par son art du dialogue. La question de la tragédie suscite alors un long détour historique et philologique par l’ouvrage du grand philologue Ulrich von Wilamowitz-Möllendorff, La Tragédie attique (celle, exclusive, d’Athènes), qui récuse l’origine dionysienne de la tragédie (comme Jean-Pierre Vernant conteste de son côté l’opposition nietzschéenne fatidique Apollon/Dionysos). Wilamowitz traite avec la plus grande précision des rapports effectifs de la tragédie avec la religion, et de la question redoutable du dithyrambe, supposé par Aristote à l’origine de la tragédie, alors qu’il continue pourtant à exister en même temps qu’elle. Enfin, il fait d’Eschyle le fondateur authentique du tragique et de son rapport essentiel avec la légende (et donc avec l’épopée). On ne s’étend pas sur la suite, sauf à remarquer que les dialogues écrits par les philosophes aient le moindre rapport avec ce que nous appelons « théâtre ». Et sauf à creuser peut-être le rapport éventuel, chez Heidegger, entre la différence ontologique et le tragique, il semble donc que la question « théâtre et philosophie » reste ouverte, ou se solde par un non liquet.

Theater and Philosophy : They seem to be born at the same time in ancient Greece, as a miracle : the Greek miracle. It si why I started from a series of eight dialogues from the 7th century B.C., between a master and his slave, which could be considered as a sort of theater before philosophy (the analysis of which by Jean Bottéro shows that it is not). The historian Louis Gernet prefers speaking of creation rather than of miracle. The question has Nietzschean echoes : Birth of tragedy, Birth of philosophy, such are Nietzsche’s titles. Immediately his hypothesis presents itself : following his rather artificial attempts to let Presocratic philosophies coincide with Greek tragedy, he concludes with contamination of true Theater, the Dionysian one, by Socratic philosophy : “Socrates destroying the tragedy”. Therefore (Greek) Philosophy would happen to have killed (Greek) Theater. Then is reconsidered the contest of tragedy and poets by Plato (which yet only concerns the Guardians of Republic). Nietzsche is strangely imaginating Plato wanting to compete with theater through his art of dialogue. The question of tragedy arouses a long historical and philological detour by great philologist Ulrich von Wilamowitz-Möllendorff’s work, The Attic Tragedy (the only Athens) which rejects the Dionysian origine of tragedy. (Just as Jean-Pierre Vernant criticizes Nietzsche’s fatidical opposition between Apollo and Dionysos). Wilamowitz, with his huge learnedness, treats of the effective relations between tragedy and religion, and of the confused question of Dithyramb (supposed by Aristotle to be at the origin of Tragedy), though it continues its way at the same time with the Attic Tragedy. At last, he considers Aeschylus as the real founder of the tragic as such, and of its essential relation with legend (and therefore with the Epic). We do not extend over centuries, except to remark that the dialogues written by philosophers do not have the least relation with what we call Theater. Maybe might we only go further into the Heideggerian relation between the ontological difference and Tragic itself, it seems that the question “Theater and Philosphy” remains open, or ends in a non liquet.

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