2002
Myriam Chimènes, « Les salons parisiens et la promotion des musiciens étrangers (1870-1914) », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.r39btb
L'image de la musique dans les salons est en général associée aux pratiques sociales de l'Ancien Régime et l'histoire de la musique s'attache plus volontiers, au-delà de cette époque, à l'étude des manifestations publiques qui se sont considérablement développées dans le courant du XIXe siècle. Pourtant, les concerts dans les salons demeurent un des paramètres essentiels de la vie musicale parisienne sous la IIIe République. Leurs animateurs, tous issus de l'élite de la société, jouent un rôle efficace dans la création, la promotion et la diffusion musicales, palliant ainsi les carences de l'État, qui n'a pas encore mis en place de véritable politique musicale. Pour les compositeurs, les salons offrent des cadres où tester leurs œuvres devant des auditoires réduits, susceptibles de drainer ensuite un public plus large vers les salles de concerts. Pour les interprètes, outre la publicité que procure un concert dans un salon, le cachet rapporté est souvent un élément déterminant. Comme les autres, les musiciens étrangers obéissent à ce parcours : dès 1876, la musique de Wagner est diffusée grâce au Juge Lascoux, qui organise les séances du "Petit Bayreuth" ; le jeune Ricardo Viñes se fait connaître en se produisant dans les salons ; pour ses débuts parisiens en 1905, Arthur Rubinstein obtient le patronage essentiel de la comtesse Greffulhe ; quant à Horowitz, il doit au soutien de Jeanne Dubost la réussite de ses premiers récitals à Paris.