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Sophie Wahnich et al., « Peuple et révolution française », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.r8603i
Le peuple révolutionnaire, c’est d’abord, dans le discours même des contemporain.e.s de l’événement, la foule ou plebs, qui fait l’événement, mais est également la source de ses dérives. Pour Mercier, dans Le nouveau Paris, c’est la populace, naturellement portée à la sédition, qui, en participant au jeu trop compliqué pour elle de la science politique, introduit l’excès et la violence dans la Révolution. Taine et à sa suite toute l’historiographie critique liront les grandes journées révolutionnaires comme le jeu de forces irrationnelles, brutales, nées sur le vide du pouvoir et en dehors de toute explication sociale.Si l’une des réponses récentes à cette polarisation sur la violence populaire a pu être l’analyse par Micah Alpaugh de toutes les modalités non violentes de la révolution populaire, c’est d’abord l’analyse sociale des groupes populaires qu’une tradition marquée par le marxisme a opposé à cette abstraction terrifiée de la foule. Cependant, pour une partie de l’historiographie marxiste des années 1950-60, les foules, n’ayant pas atteint à la fin du xviiie siècle la plénitude d’une classe révolutionnaire, ne deviennent politiquement conscientes qu’en suivant les élites…