2021
Cairn
Emmanuel Bayle, « La gouvernance de la Fédération Française de Tennis entre 1970 et 2020 : entre autonomie et dépendances dans la relation à la sphère publique », Movement & Sport Sciences - Science & Motricité, ID : 10670/1.r8nw42
Dans un modèle d’organisation du sport français fortement soutenu et contrôlé par l’État et plus largement par la sphère publique, la FFT délégataire d’une mission de service public fait à première vue figure d’exception. Elle a en effet construit son modèle économique et d’organisation autour d’un évènement très lucratif : Roland Garros (RG). Au premier abord, il semble qu’elle ait fondé un développement autonome – à défaut d’être indépendant – via un modèle d’affaire privé singulier lui permettant rapidement de dépendre faiblement de l’État. Cependant, nous montrons que le soutien de la sphère publique a aussi créé en parallèle un régime de dépendances multiples qui a pu soit favoriser soit limiter le développement de la FFT et de ses clubs. Ce constat se retrouve dans deux grandes phases de son développement : la « révolution Chatrier » (1968–1992) et la « période de la maturité » (1993–2020). Ces relations ont entraîné une gouvernance de compromis pour ancrer une stratégie de développement ayant pour objet d’optimiser et de légitimer les soutiens publics. Elles ont aussi été orientées au profit des dirigeants en place. Ces relations ont pu prendre plusieurs formes : réseaux politiques, aides directes et indirectes aux différents niveaux de la pyramide fédérale, influences sur le cadre de gouvernance organisationnelle. Il sera dès lors discuté de ce que révèlent les stratégies d’autonomisation mais aussi d’acceptation et de gestion des dépendances par rapport à la sphère publique : les ambiguïtés et les jeux politiques internes autour de l’image et des passions et de l’écosystème autour du tennis français et de RG dont les dirigeants ont joué pour se maintenir au pouvoir ; les paradoxes entre gestion d’une mission de service public et hyper-commercialisation questionnant la légitimité des aides publiques ; et enfin, la difficulté de transformer et de faire évoluer le modèle gouvernance et la capacité à s’auto-réformer compte tenu des dépendances créées.