14 mars 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Marcel Tambarin, « Entre invocation et conjuration : Berlin et la « République de Berlin » dans le discours politique et médiatique », Presses Sorbonne Nouvelle, ID : 10670/1.rajts5
Les discours prononcés le 19 avril 1999 lors de l’inauguration du nouveau Reichstag à Berlin par les principaux représentants institutionnels de la République fédérale ont été l’occasion de canaliser le discours sur la nouvelle « République de Berlin ». Le consensus affiché à cette occasion repose sur une opposition (l’antagonisme entre l’excentricité temporelle de Bonn, coupée qui plus est de la société, et la centralité historique de Berlin, en prise, elle, avec les réalités sociales), sur une continuité (la concordance institutionnelle entre Bonn et Berlin, le déménagement ne devant inaugurer en aucun cas une autre république – quelles que soient les transformations effectivement en cours) et un paradoxe (la souveraineté conditionnelle d’un état qui nonobstant sa nouvelle situation se doit de protester de sa renonciation à toute prétention territoriale, de sa volonté d’intégration européenne et de sa fiabilité politique et militaire). Variations sur une figure imposée, tous ces discours consistent au fond en un seul et même exercice difficile : montrer que l’Allemagne n’a pas changé – alors même que le fait de l’étiqueter ainsi ne peut que souligner la discontinuité manifeste entre la « République de Berlin » et la « République de Bonn ».