Deux couvercles de clavecins des ateliers Ruckers peints au siècle de Rubens

Résumé Fr

Une correspondance entre Balthazar Gerbier et Sir Francis Windebank en 1637-1638 mentionne une commande faite à Rubens pour un décor de couvercle de clavecin représentant Amour et Psyché. À Paris, au XVIIIe siècle, les annonces de ventes de clavecins mentionnent six fois le nom de Rubens pour valoriser l’importance de leurs couvercle (l’un d’eux représentait L’Histoire de Samson). Pour autant, aucun de ces instruments (ou couvercle transformé ultérieurement en tableau de chevalet) ne semble être parvenu jusqu’à nous. Rubens représente pourtant le chef de file d’une tradition décorative anversoise prolixe et réputée, car les maîtres peintres de cette ville côtoyaient les faiseurs de clavecins dans leur Guilde de Saint-Luc. Pour comprendre l’esprit de ces décors, aux thèmes iconographiques soigneusement choisis, nous nous intéresserons à deux instruments de la dynastie Ruckers conservés au musée de la Musique : l’un signé par Ioannes Ruckers en 1617 et l’autre Andreas Ruckers en 1646. Leur décor n’a que peu retenu l’attention de Grant O’ Brien (1990) et Sheridan German (2002) dans leurs maîtres livres, mais Thomas Aurelius Belz a formulé en 1998 d’intéressantes hypothèses à leur sujet qui méritent d’être réexaminées. Après les avoir replacés dans la tradition des décors anversois, nous préciserons leurs thématiques (Le jugement de Midas et Orphée charmant les animaux pour le premier ; La visite de Minerve aux muses sur l’Hélicon et La danse des suivantes de Diane sur le second) et la question de leur paternité en proposant pour le premier le nom de Hans III Jordaens et pour le deuxième celui de Hans II Casteels. Une annexe donne la liste des 7 clavecins Ruckers portant un décor signé, attribué ou d’après un modèle connu contemporain de leur facture, ainsi que la liste des thèmes iconographiques utilisés pour le décor de 12 instruments anversois de la première moitié du XVIIe siècle.