2021
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Déborah Bucchi, « La matérialité du double d’Hélène ou les pouvoirs figuratifs de la tragédie d’Euripide », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10.4000/books.editionsehess.32125
Dans l’Hélène d’Euripide, l’absence de distinction entre Hélène et son double est l’occasion de représenter les effets liés à la disparition d’un corps, incarné sur la scène par le corps à la fois réel et virtuel de l’acteur, sous le regard des spectateurs. La tragédie montre les conséquences de la réduction d’un corps à une seule forme : immobilité, guerre, blocage de la reproduction. Le dispositif du double devient le principe moteur d’une prolifération d’images tendant à compenser l’impossibilité dans laquelle se trouve le corps féminin à être plus qu’une apparence fixe et unique. La tragédie déjoue ainsi les effets mortifères de la réduction du corps par la multiplication de formes et d’espaces dans lesquels ces formes peuvent s’inscrire, proposant ainsi une expérience réflexive sur la possibilité de donner, grâce aux pouvoirs dynamiques de la figuration théâtrale, une matérialité nouvelle aux corps invisibles.