L’invention philosophique : penser, concevoir, imaginer ?

Résumé Fr En

Mon but ici n’est pas tant de nier que la philosophie possède une dimension fictionnelle ou qu’il existe un usage de l’imagination au sein de la recherche de la vérité, que de questionner plutôt la pertinence même du concept de « fiction » en raison de sa plurivocité vague, de la récente prolifération de ses applications et de leurs effets. On peut d’abord se demander sur quoi repose une telle extension du domaine de la fiction, de l’art (roman, film…) aux sciences et à la philosophie, et si ce n’est pas le produit d’un certain scepticisme généralisé autant que d’un relativisme ambiant, corrélé au primat d’un modèle scientiste de la connaissance. On se demandera alors plus précisément ce qui est qualifié de « fictionnel » dans l’exercice de la philosophie : des conjectures, des comparaisons, des idéalisations, des expériences de pensée ? Après avoir présenté les différentes définitions de la fiction développées par la philosophie analytique, ainsi que les motivations et enjeux pluriels à l’œuvre dans le jugement de fictionalité, on tentera de clarifier, dans une veine goodmanienne, la nature de ces outils conceptuels dont la philosophie a besoin pour comprendre le monde.  

My present purpose is less to deny that philosophy has a fictional dimension or that imagination plays a role in the aiming for truth, than to question the relevance of the concept of “fiction” because of its vagueness and polysemy, and the recent proliferation of its applications. One can wonder about the grounds of such an extension of the domain of fiction, from art (novels, films…) to science and philosophy : isn’t it one of the consequences of both a generalized skepticism and a wide relativism, together with the prevalence of a scientist model of knowledge? I will give an analysis of what is called “fictional” within the philosophical practice, namely conjectures, comparisons, idealizations, thought-experiments. First, I shortly present the different definitions of fiction developed in analytic philosophy, then the multiple motivations and issues at stake when judging something fictional. Finally, I clarify, following Goodman, the conceptual nature of these so-called “fictions” philosophy needs in order to understand the world.

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