1 janvier 2017
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Volume 4 - 2017 : Usages de la fiction en philosophie
Marion Renauld, « L’invention philosophique : penser, concevoir, imaginer ? », Phantasia, ID : 10.25518/0774-7136.544
Mon but ici n’est pas tant de nier que la philosophie possède une dimension fictionnelle ou qu’il existe un usage de l’imagination au sein de la recherche de la vérité, que de questionner plutôt la pertinence même du concept de « fiction » en raison de sa plurivocité vague, de la récente prolifération de ses applications et de leurs effets. On peut d’abord se demander sur quoi repose une telle extension du domaine de la fiction, de l’art (roman, film…) aux sciences et à la philosophie, et si ce n’est pas le produit d’un certain scepticisme généralisé autant que d’un relativisme ambiant, corrélé au primat d’un modèle scientiste de la connaissance. On se demandera alors plus précisément ce qui est qualifié de « fictionnel » dans l’exercice de la philosophie : des conjectures, des comparaisons, des idéalisations, des expériences de pensée ? Après avoir présenté les différentes définitions de la fiction développées par la philosophie analytique, ainsi que les motivations et enjeux pluriels à l’œuvre dans le jugement de fictionalité, on tentera de clarifier, dans une veine goodmanienne, la nature de ces outils conceptuels dont la philosophie a besoin pour comprendre le monde.