7 décembre 2023
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Carine Mira, « Représentations et pratiques en jeu dans les (co)accompagnements à l'orientation des jeunes en territoire d'éducation prioritaire : co-agir sur les territoires dans le cadre de la gestion de l'action publique partenariale entre les parties prenantes de l'orientation », HAL-SHS : sciences de l'éducation, ID : 10670/1.reo2df
Cette thèse porte sur l'accompagnement à l'orientation scolaire des collégien·ne·s et lycéen·ne·s dans les territoires en éducation prioritaire (TEP). L'orientation met en œuvre des tris sociaux lors de paliers scolaires (Landrier & Nakhili, 2010) qui contribuent à la reproduction des inégalités sociales (Bourdieu & Passeron, 1970). Les politiques publiques d'éducation prioritaire reposent sur l'application du paradigme de la gestion de l'action publique par le Nouveau management public (NPM) (Bezès, 2009). Le NPM valorise les actions en partenariat dans une logique de meilleure réponse aux besoins et de réduction des coûts. Nous nous intéressons particulièrement aux pratiques d'accompagnement à l'orientation qui, en éducation prioritaire, sont portées par de nombreuses parties prenantes (administratives, privées et associatives) qui forment une « nébuleuse » (Paul, 2002, 2009, 2004). Leurs caractéristiques en termes de pratiques, d'identités professionnelles (Fray & Picouleau, 2018) et de représentations (Jodelet, 1989) diffèrent. Pourtant, dans le contexte de l'accompagnement à l'orientation en éducation prioritaire, toutes agissent auprès des mêmes jeunes par la mise en partenariat. Comment les jeunes visé·e·s par les accompagnements s'approprient-ils·elles les messages et les actions menées, qui peuvent être très différentes ? Notre question de recherche interroge ainsi les représentations au cœur des pratiques d'accompagnement et de co-accompagnement (Vergnaud, 2007). Nous nous inscrivons dans le champ des sciences de l'éducation et de la formation afin d'étudier les pratiques mises en place et les représentations sous-jacentes ; ainsi que dans celui des sciences de gestion pour comprendre les relations entre les accompagnant·e·s à l'orientation qui travaillent sur les mêmes territoires. Nous lions ces deux champs par le concept de situations (Girin, 1983; Ostrom, 1983; Pastré, 2002) qui permet d'analyser les interactions et les représentations dans un cadre spatio-temporel défini.Notre recherche interroge ainsi les interstices pour comprendre les interactions entre l'individuel et le collectif, entre les pratiques et les co-pratiques dans des situations de (co)accompagnement à l'orientation sur les territoires en éducation prioritaire. Ces pratiques relèvent à la fois de l'accompagnement à l'orientation envers les jeunes et de la collaboration entre les parties prenantes impliquées sur les territoires puisque toutes agissent sur le même espace, pour les mêmes jeunes.Nous mobilisons une méthode abductive (Dumez, 2016), constituée d'allers et venues entre la littérature et le terrain, à la fois qualitative et quantitative. La méthodologie revient sur notre cheminement durant le doctorat et les différents types d'analyses menés à partir d'entretiens semi-directifs : thématique (sémantique, réflexive et transversale), lexicale, cartographique des réseaux. Enfin nous proposons des portraits de jeunes comme études de cas pour saisir les effets de l'accompagnement sur les trajectoires de vie.Notre travail propose des implications théoriques, pratiques et méthodologiques qui sont le fruit du rapprochement de deux disciplines. Nous apportons ainsi un enrichissement des concepts théoriques et méthodologiques ainsi que des axes d'action pour les parties prenantes de l'accompagnement à l'orientation afin de contribuer à davantage de justice sociale par l'orientation. Notre travail de thèse apporte une illustration des pratiques et représentations d'accompagnement à l'orientation ainsi qu'une perspective renouvelée du pouvoir d'agir de l'humain au cœur des systèmes, donc ouvre la porte à des possibilités de formations partagées ; par l'articulation des différents systèmes (Bronfenbrenner, 1979) impliqués dans les situations d'accompagnement à l'orientation en TEP comme création de territoires spécifiques ; en plus d'insister sur le besoin de considérer les jeunes au cœur des accompagnements.