2020
Cairn
Alexandra Palmer, « Anthropologist or primatologist ? », Cahiers d'anthropologie sociale, ID : 10670/1.rfzpdk
En m’appuyant sur deux projets de recherches que j’ai menés sur les relations hommes-orang-outans, je propose de réfléchir à des méthodes autres que l’ethnographie d’un seul site, qui pourraient faciliter l’étude des relations entre les humains et les autres primates ( alloprimates). Le premier projet examine les relations entre les gardiens et les orangs-outans d’un zoo. En combinant une méthode ethnographique et une méthode éthologique, il a permis de mettre en lumière le fait que la manière dont les humains interprètent et décrivent les comportements des animaux dépend de leur positionnement et de ce qui les préoccupe, tel que leur rôle de soigneur. Un suivi des activités quotidiennes des deux espèces peut également rendre l’objet de l’étude symboliquement plus équitable – même si d’un point de vue méthodologique, l’équité demeure difficile. Le second projet s’est appuyé sur une méthode ethnographique multisituée afin d’étudier les débats concernant la réhabilitation et la réintroduction des orangs-outans. Cette approche multisituée donne un aperçu qui n’aurait pu être possible avec une méthode ethnographique se focalisant sur un seul site, tels que des différences fondamentales au niveau méthodologique et éthique entre les différents sites d’étude. De plus, en agissant comme une « quasiprimatologue » – à travers un usage de l’éthologie, ou en prenant au sérieux les défenseurs des alloprimates – peut changer dans un sens positif la manière dont les anthropologues sont perçus par les participants, facilitant de la sorte l’accès au terrain.