L’hybride rêvé, l’humain de métal mythique et le robot originel : la nouvelle « Segregationist » d’Isaac Asimov à la lumière du mythe antique

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15 juillet 2022

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Hippolyte Pagès, « L’hybride rêvé, l’humain de métal mythique et le robot originel : la nouvelle « Segregationist » d’Isaac Asimov à la lumière du mythe antique », Textes et contextes, ID : 10670/1.rgnjfq


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Au sein des récits de science-fiction moderne, qu’ils soient littéraires, cinématographiques ou issus de médias tels que la bande dessinée ou le jeu vidéo, il n’est pas rare de voir l’humain se métamorphoser et devenir une créature métissée, mêlant à l’organique de son anatomie naturelle toutes sortes d’éléments extérieurs ou de technologies diverses. En analogie avec ce caractère hybride, la figure de l’être métallique, dont l’essence intrinsèque serait nativement constituée d’or, d’argent, de bronze ou de fer, fait, elle aussi, l’objet de nombreuses représentations au cœur de cette même culture populaire actuelle. Enfin, considérant ces deux entités – l’humain hybride et l’être métallique –, comment ne pas penser au robot, être fictionnel par excellence de l’époque contemporaine, dont l’aura mécanique se reflète aujourd’hui sur bon nombre d’univers mentaux contemporains, tous médias confondus ?Parmi les plus célèbres adeptes de cet onirisme alliant métallurgie et biologie, Isaac Asimov, souvent qualifié de patriarche de la robotique moderne par ses pairs, a indéniablement joué un rôle crucial dans l’instauration, le développement et l’enracinement de ces nombreux imaginaires au demeurant novateurs. Dans sa nouvelle « Segregationist », publiée pour la première fois en 1967 dans les pages de la revue Abbottempo, le romancier convoque consécutivement les trois rêveries précédemment évoquées, de l’être hybride bio-métallique à l’automate animé en passant par l’entité humanoïde métallisée. Cependant, sous couvert d’une narration aux thématiques résolument avant-gardistes – le sujet abordé étant celui de la transplantation cardiaque d’un nouveau cœur en titane –, d’importants et puissants onirismes ancestraux sont sollicités dans ce récit dont les concepts transversaux plongent leurs racines aux origines mêmes de notre culture et de notre littérature.Dans cet article, nous nous proposons d’examiner certaines des sources poétiques et mythologiques sur lesquelles Isaac Asimov s’est directement ou indirectement appuyé pour construire et consolider les imaginaires qu’il assemble dans sa nouvelle. Parmi celles-ci, il nous serait ici possible de citer, entre autres exemples, le « Mythe des races » d’Hésiode, l’Iliade et de l’Odysséed’Homère, certains passages du Kalevala d’Elias Löonrot ou encore quelques extraits de l’Edda de Snorri Sturluson. Dans un même temps, cette relecture du poncif de l’Homme de métal, créature si chère à la science-fiction, nous permettra aussi de questionner la manière dont l’auteur en réexploite les différentes variations dans un contexte littéraire contemporain et nous laissera entrevoir l’audacieux procédé qu’il développe tout au long de la narration pour nous proposer un ultime retournement de situation, aussi formidable qu’inattendu, en toute fin de récit. Enfin, cette mise en lumière inédite des origines des différentes thématiques qu’aborde « Segregationist » nous aide à appréhender l’atmosphère si particulière, à mi-chemin entre le scientifique et le mythique, qui émane de cette nouvelle autrement représentative de l’œuvre globale et protéiforme d’Isaac Asimov.

Within modern science fiction stories, be they from literature, cinema or other media such as comics or video games, it is not uncommon to see the human being morphing and becoming a mongrelized creature, mixing all sorts of external elements or diverse technologies with the organic nature of his natural anatomy. Analogously to this hybrid character, the figure of the metallic being, whose intrinsic essence would be natively constituted of gold, silver, bronze or iron, is also the subject of numerous representations within this same current popular culture. Finally, following these first two portraits, how can we not think of the robot, the mightiest fictional entity of our century, whose mechanical aura is today reflected in many contemporary mental realms, all media included?Among the most famous adepts of those dreams blending metallurgy and biology, the author and professor Isaac Asimov, often qualified by his peers as the patriarch of modern robotics, undeniably played a crucial role in the establishment, development and rooting of these various and innovative imaginaries. In his short story “Segregationist”, first published in 1967 within the Abbottempo review, the novelist consciously and consecutively summons the three fantasies previously mentioned: the bio-metallic hybrid, the animated automaton and the metalized humanoid entity. However, hidden inside a narrative with resolutely avant-gardist themes - the topic being that of a titanium heart transplant -, important and powerful ancestral dreamlike ideas are in fact solicited in this story whose transversal concepts are rooted in the very origins of our culture and literature.In this paper, we propose to examine some of the poetic and mythological sources on which Isaac Asimov relied directly or indirectly to create and consolidate the imaginaries he assembles in his novel. Among these, we could cite as examples Hesiod’s “Myth of the Races”, Homer’s Iliad and Odyssey, some passages from Elias Löonrot’s Kalevala or even some extracts from Snorri Sturluson’s Edda. In the meantime, this re-reading of the metal man concept, a creature so popular in science fiction, will also allow us to question the way in which the author reuses its different variations in a contemporary literary context and will give us a glimpse of the audacious process he develops throughout the narrative to provide us with a final plot twist, as formidable as it is unexpected, at the very end of the story. Finally, this unusual insight into the background of the different themes approached by “Segregationist” will help us to understand the very special atmosphere, halfway between science and mythology, which emanates from this short story, so representative of Isaac Asimov’s global and multifaceted work.

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