2013
Cairn
Adrien Schu, « Les turpitudes d'un mariage sans amour : une analyse historique et prospective de la relation pakistano-américaine », Politique américaine, ID : 10670/1.rkb57s
Les États-Unis et le Pakistan traversent actuellement une période de tensions. Ce n’est pas la première : depuis 1947, les relations entre les deux États n’ont cessé de fluctuer. À deux reprises déjà, les États-Unis ont rompu avec le Pakistan, jusqu’à lui imposer des sanctions drastiques, avant de revenir vers lui pour en faire un allié stratégique. Ces changements, souvent disproportionnés, s’expliquent par la persistance de Washington à subordonner sa relation avec le Pakistan à la poursuite d’objectifs propres définis à court terme. Les États-Unis n’ont jamais eu l’intention d’établir une véritable alliance avec le Pakistan, mais ils ont souhaité pouvoir l’instrumentaliser quand leurs intérêts de sécurité le nécessitaient. Ces rapprochements occasionnels, forcés par les événements, tels l’invasion soviétique de l’Afghanistan ou les attentats du 11 septembre 2001, n’ont existé que parce que Washington avait alors besoin de la collaboration d’Islamabad, contre les Soviétiques, puis contre Al-Qaïda. Toutefois, même alliés, les deux États ont toujours conservé des intérêts fondamentalement divergents si ce n’est antagonistes. Les Américains ont constamment ignoré ces divergences, pensant pouvoir acheter l’obéissance d’Islamabad grâce à des milliards de dollars d’aide. L’échec de cette stratégie est aujourd’hui flagrant.