Dans l’atelier d’écriture du createur de merveille : Mélusine, la tresfaulse serpente

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Joanna Pavlevski-Malingre, « Dans l’atelier d’écriture du createur de merveille : Mélusine, la tresfaulse serpente », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.rkxul7


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Résumé Fr

Dans le prologue de Mélusine, Jean d’Arras rappelle, à propos des « choses dictes faees », que « les jugemens et punicions de Dieu sont comme abysme sans rive et sans fons et n’est pas saige qui les cuide comprendre en son engin ». Face à la creature merveilleuse, le lecteur inscrit formule des hypothèses quant à la nature de la merveille, sans pourtant parvenir à l’enfermer dans une typologie claire et close. Cette transcription d’un questionnement nécessairement aporétique correspond en fait à une poétique d’écriture de cet être de langage qu’est la créature merveilleuse. L’auteur est alors volontairement createur d’ambiguïté. Les romans de Mélusine, et plus particulièrement celui de Jean d’Arras, maintiennent l’indétermination de la creature merveilleuse en multipliant les dénominations qui lui sont attachées : Mélusine est donc tour à tour faee, fantosme, dame ou serpente. Parmi ces termes, le substitut nominal serpente participe activement d’un style énigmatique propre à interroger le lecteur. Il a l’ambition de constituer, dans la bouche de Raimondin, et juste avant le départ de la fée, un dévoilement de la véritable nature de Mélusine. Ce terme n’est alors cependant qu’une injure ambivalente, transgressant un tabou langagier associé à la féérie et qui peut avoir une dimension performative. Au lieu de clore la quête ontologique suscitée par la créature merveilleuse, l’apostrophe de Raimondin la relance, puisqu’une métamorphose inédite de Mélusine la suit. Le terme serpente qui, par sa désinence féminine, suggère un monstre qui tient à la fois de l’animal et de la femme et qui, générique, englobe plusieurs espèces ophidiennes, sert ainsi le propos d’un auteur createur de merveilles, et des enlumineurs qui se chargent de les mettre en image. Serpente, insulte ambigüe, éclaire en fait moins la nature de Mélusine que les procédés d’écriture de la merveille, de l’invention, par le langage, d’une créature merveilleuse.

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