25 octobre 2018
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Catherine Broué, « Paroles aiguisées, textes émoussés : guerre, commerce et administration coloniale en Nouvelle-France (1682) », Tangence, ID : 10670/1.rldhyg
Les Paroles du Deputé des cinq Nations Iroquoises, a Monsr le Comte de Frontenac du vnze septembre 1682 et la Réponse de Frontenac à ces Paroles font partie d’un volumineux corpus de discours amérindiens consignés par l’administration coloniale en Nouvelle‑France, corpus qui témoigne d’une pratique diplomatique, politique, administrative et scripturale en train de se constituer. Sur le plan énonciatif, ces procès‑verbaux sont d’autant plus curieux qu’ils s’adressent à des destinataires très différents et déploient ce faisant un système de représentation retors où le porte-parole autochtone et la nation qu’il représente doivent pouvoir se reconnaître, mais qui n’empêchera pas Frontenac d’apparaître sous un jour favorable en tant qu’administrateur de la colonie. Ce dispositif énonciatif complexe institue une fracture entre la parole collective et la parole individuelle, opère un glissement entre un discours ouvert et un discours fermé et joue sur une coénonciation double permise notamment par la traduction littérale du discours iroquois et l’imitation de ce discours traduit par le gouverneur.