2009
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Marie-Ange Calvet-Sébasti, « Colère et compassion dans les récits apocryphes chrétiens », MOM Éditions, ID : 10670/1.rmk82n
Malgré leur variété, les Actes apocryphes des apôtres présentent un schéma romanesque assez constant : ils mettent en scène des couples d’un certain rang social, voyant leur vie privée perturbée, et même radicalement transformée par l’apparition du disciple du Christ, le véritable héros, qui devient en quelque sorte un rival sans pitié pour l’homme. Convaincue par l’apôtre, qui prêche la chasteté, la femme rejette son mari ou son prétendant, un homme de pouvoir et très amoureux dont la colère jalouse le pousse à persécuter l’apôtre et provoque finalement son martyre. À la différence de ce qui arrive dans les autres romans, le couple est brisé, car le « rival » obtient la victoire. Dans le récit qui prend place au cœur d’un ouvrage apocryphe assez différent, le Roman pseudo-clémentin, l’apôtre Pierre, en apparaissant, ne brise pas un couple, bien qu’il prône lui aussi la chasteté ; il contribue au contraire à la réunion d’une famille, il permet à des époux, dont la séparation ne lui est pas imputable, de se retrouver en adoptant la même foi. Ce n’est pas la colère jalouse d’un homme à l’égard de l’apôtre qui s’impose comme moteur de l’intrigue, mais bien l’humanité de Pierre, qui reste soumis à l’émotion, à la compassion. En dévoilant évidemment les voies et les visions divergentes de l’apostolat, de la notion du salut, l’ensemble de ces récits illustre les voies diverses de la création romanesque.