30 juin 2023
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Leslie C. Howard, « La révision des mythes grecs chez Evelyn De Morgan, ou l’interprétation de la Renaissance italienne par une esthète féminine », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10.4000/polysemes.10971
Depuis l’étude novatrice de Hilary Fraser dans The Victorians and Renaissance Italy (1992), de nombreux critiques ont exploré la manière dont les écrivains et les artistes du XIXe siècle tentèrent de comprendre, mythologiser et réinventer la Renaissance italienne à leur propre époque. Bien qu’il existe encore peu de travaux sur la peinture d’Evelyn De Morgan (1855-1919), ses œuvres sont des exemples frappants de cette fascination culturelle. En effet, elles révèlent une connaissance approfondie des Maîtres anciens et une compréhension fine des récits mythologiques aux sources de la peinture de la Renaissance, associées à la maîtrise du style esthétique typique de la fin de l’époque victorienne. À partir de la réévaluation décisive de Botticelli par Walter Pater en 1870 (« Sandro Botticelli »), De Morgan se confronte au peintre florentin en tant que « force culturelle » et s’inspire de la « fraîcheur » de son œuvre ainsi que de sa qualité « poétique » ou « visionnaire ». Pourtant, comme chez la plupart des esthètes, la réflexion sur le passé dans les œuvres de De Morgan devient également une manière de reconsidérer le présent et de regarder vers l’avenir. En examinant Ariane à Naxos, Déjanire et Flore, cet article analyse la manière dont Evelyn De Morgan s’approprie les récits mythologiques pour concentrer l’attention sur les figures féminines et proposer un point de vue féminin. En réinterprétant des figures clés de la mythologie grecque, telles qu’Ariane à Naxos et Déjanire de Calydon, De Morgan réoriente les récits d’Ovide (Les Héroïdes, Les Fastes et Les Métamorphoses), pour réhabiliter les femmes en tant que sujets, peintres et spectatrices. Elle contribue ainsi à la création d’une histoire féminine de la Renaissance.