10 septembre 2014
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Renaud Fine, « Penser la démocratisation de la gouvernance des sciences. Analyse critique de l’idéal de « science bien ordonnée » développé par Philip Kitcher dans son ouvrage Science, vérité et démocratie et formulation d’une proposition alternative », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.rs5o3n
Les fortes tensions qui se créent entre la science moderne telle qu’elle est pratiquée dans nos pays riches et les idéaux démocratiques sous-jacents de ces sociétés sont à l’origine d’une série de dilemmes politiques qui appellent à être régulés, et doivent être saisis par le philosophe des sciences. Dans Science, vérité et démocratie, Philip Kitcher se propose ainsi d’examiner le rôle des sciences dans une société démocratique. L’élaboration d’une nouvelle conception de la notion de signification scientifique lui permet d’exposer la nature mixte de la recherche. Ce point, soulignant la nécessité de prendre en considération des valeurs éthiques et sociales au sein de la pratique scientifique, marque ainsi le pivot de l’ouvrage : si la science poursuit de multiples objectifs dictés par la contingence des intérêts et des capacités humaines, alors la société peut légitimement contribuer à définir ces objectifs. Cherchant à concevoir la manière idéale de réguler la libre enquête, Kitcher propose un modèle de gouvernance de la science basé sur une forme de démocratie éclairée : l’idéal de « science bien ordonnée ». Celui-ci souffre cependant plusieurs critiques. Kitcher se concentre en effet sur la valeur de la science, et néglige l’influence de valeurs sur la science. En se basant sur un modèle substantif et non procédural, il ne peut formuler qu’un idéal inatteignable, menaçant en définitive les idéaux démocratique qu’il cherche à promouvoir. Nous tentons alors de prolonger sa réflexion en cherchant à déterminer comment ordonner les sciences afin d’identifier et de promouvoir démocratiquement le bien collectif, en accord avec l’ambition d’élaborer une philosophie politique de la science plus profondément ancrée dans le concret. En réponse à cet objectif, nous formulons une proposition d’un système de gouvernance délibératif des sciences viable, intégrant un ensemble de mesures visant à réguler la pratique scientifique en elle-même, maximisant les valeurs démocratiques de délibération et d’égalité politique, et pensant dans le détail le rôle et la position des experts.